Portrait

Rencontre avec Nicolas et Frédéric Lochey, associés-coopérateurs dans l'Aube

Nicolas et Frédéric Lochey
carte aube
Polyculture (blé, orge d’hiver et printemps, maïs, colza, betterave, tournesol, pois de printemps et chanvre), vignoble, et 1 atelier de vaches allaitantes (25 mères) à Fouchères (Aube)

Pour Nicolas et son frère Frédéric, qu’il a rejoint en 1999 sur la ferme familiale : « Notre motivation principale est de faire évoluer nos pratiques ». Les deux frères sont membres du réseau DEPHY, issu du plan Ecophyto lancé en 2008 et qui rassemble 3 000 exploitations agricoles engagées dans une démarche volontaire de réduction de l’usage de produits phytosanitaires. Ils ont également contribué à l’expérimentation en champs menée en partenariat avec Malteurop et Heineken sur un parcours technique spécifique « bas carbone », il y a quatre ans. Ils font également partie d’un groupement de développement agricole (GDA) depuis de nombreuses années, convaincus de l’intérêt de partager des expériences et des réflexions collectives pour que chacun améliore ses performances et s’adapte aux nouvelles contraintes. Leur intégration dans le programme TRANSITIONS s’est donc faite naturellement, même si les axes de progrès semblaient mineurs puisque leur certification HVE les oblige déjà à optimiser la couverture de leurs sols, leur balance azotée et leurs indices de traitement (IFT). « Avec la balance azotée et l’IFT, nous nous intéressons aux volumes des intrants. Là, nous allons travailler sur la forme des engrais », explique Nicolas. « Nous utilisons encore beaucoup d’engrais liquide pour des raisons autant techniques qu’économiques, mais c’est là notre principal levier », ajoute-t-il. Le projet de méthaniseur sur lequel ils planchent depuis quelques années va également leur apporter une source d’engrais organique. Des solutions à l’horizon, donc, mais qui suscitent encore beaucoup d’interrogations chez Nicolas et son frère : « On sait que le digestat peut aussi produire des émanations de GES. Tout dépend bien sûr aussi des conditions météorologiques au moment de l’épandage. », explique-t-il. 

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Nous utilisons encore beaucoup d’engrais liquide pour des raisons autant techniques qu’économiques, mais c’est là notre principal levier d’amélioration.
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Nicolas et Frédéric Lochey

« La solution pourrait être l’enfouissement mais cela suppose d’investir dans l’équipement adéquat ou de trouver un prestataire pour le faire. » Et pour les couverts ? « Cela fait longtemps que nous travaillons dessus en partant du principe que puisqu’on nous impose des couverts, autant qu’ils soient utiles », ajoute-t-il, pragmatique. « Nos mélanges multi-espèces (avoine, vesces, radis, phacélie…) ont plusieurs vertus : restitution d’azote capté dans l’air au sol, infiltration d’eau, concurrence aux adventices, augmentation de la biomasse et compensation en cas de défaillance d’une espèce. » Pour le taux de couverture des sols : « J’estimais que nous étions pas mal, mais nous allons étudier comment allonger encore la durée ». Nicolas est conscient qu’ils n’en sont qu’au début de l’aventure et qu’il faudra quelques années pour mesurer les bénéfices de ces changements. Une chose lui semble sûre : « Il y aura des évolutions mais pas de révolution chez nous ».

Le point de vue de l’expert

armandArmand Gandon, responsable amont agricole de TRANSITIONS
 

Chez Nicolas et Frédéric, un des leviers mobilisables est le changement de forme d’azote. C’est un des leviers sur lesquels nous insistons le plus en formation car, au-delà de réduire les émissions de GES, passer d’une forme liquide à une forme solide sur les engrais azotés a aussi des bénéfices agronomiques. Nous avons d’ailleurs intégré ce levier dans le cadre d’une expérimentation avec Malteurop et Heineken, dont Nicolas et Frédéric faisaient partie ainsi que 14 autres agriculteurs.

Publié le Vendredi 10 mai 2024