Rencontre avec Cédalis et Sébastien Pariset, agriculteurs-coopérateurs dans la Marne
« Moi, je produis et mon frère vend », explique Cédalis en souriant. En réalité, les deux frères, installés respectivement depuis 2009 et 2010, gèrent leurs deux exploitations (l’une en polyculture céréalière, l’autre viticole) de concert, même si l’expertise agronomique de Cédalis et l’appétence de Sébastien pour la gestion les ont amenés à une répartition des tâches de chacun. « Les chiffres, il faut s’y intéresser et les surveiller tous les jours », rajoute Cédalis. « Ça prend beaucoup de temps... » Or, ce dernier ne compte déjà pas ses heures : membre de la première heure du programme TRANSITIONS (promo A), du Club Francine depuis trois ans, engagé depuis cette année dans la filière Lu Harmony, il envisage également de produire du blé dur pour Panzani. Des cahiers des charges exigeants mais qui lui offrent la satisfaction de connaître la destination de ses blés, de sécuriser ses débouchés et de bénéficier de primes. L’exploitation est également sous contrats de multiplication de semences (blé et lentilles). Conscients de l’extrême variabilité des prix ces dernières années, les deux frères ont néanmoins choisi de passer progressivement du mode gestion déléguée au mode gestion autonome pour commercialiser l’essentiel de leurs grains. Suite au rachat du silo, équipé d’un pont-bascule, leur capacité de stockage a augmenté « et nous avons une meilleure visibilité de notre récolte, complète Sébastien, ce qui nous offre la possibilité de ne pas vendre au prix moisson ».
"Il faut savoir se décider rapidement quand le prix nous semble juste, c’est-à-dire qu’il nous assure une marge suffisante, et ne pas regretter de ne pas avoir attendu si les prix montent encore..."Cédalis et Sébastien Pariset
« Nous connaissons nos prix de seuil et nous vendons souvent très en amont notre production, parfois un an à l’avance », précise Cédalis. « Dans la limite de 50 % à 60 % de nos estimations de rendement car au-delà, avec les aléas climatiques, le risque serait trop grand », rajoute-t-il. « Même si avec des parcelles en blé dispersées, le risque est moindre que pour le Colza, très sensible à la grêle. Une stratégie qui s’est révélée gagnante pour la campagne 2024 malgré une moisson décevante. Avec la gestion autonome, nous pouvons saisir les opportunités du marché. Mais attention, il faut vraiment s’y intéresser .» Son frère Sébastien confirme : « Je suis membre des Cercles VIVESCIA depuis le début, assiste aux réunions mensuelles et suis les tendances des marchés et leurs conseils, que nous recevons toutes les semaines via leur lettre ». Comme le souligne Cédalis : « en polyculture tout particulièrement, nous ne pouvons pas maîtriser tous les sujets d’autant que cela bouge tout le temps ». La volatilité extrême des prix les encourage à un opportunisme raisonné : « il faut savoir se décider rapidement quand le prix nous semble juste, c’est-à-dire qu’il nous assure une marge suffisante et ne pas regretter de ne pas avoir attendu si les prix montent encore... », expliquent-ils. « C’est pourquoi nous ne spéculons pas comme les options nous en donnent la possibilité .» Une manière aussi de se sécuriser et d’éviter un effet ciseau avec des achats d’engrais très anticipés et dont les prix pèsent de plus en plus sur le résultat d’exploitation. « Il faut toujours considérer les choses sur le long terme », rajoute Sébastien.
BILAN MOISSON
Une moisson très rapide et précoce avec de bons rendements dans les cultures d’automne, plus aléatoire dans les cultures de printemps, orges et lentilles. Nous avons obtenu une belle qualité dans l’ensemble des cultures – bon PS dans les blés, bon taux de brasserie et protéines dans les orges. En revanche, les prix sont pour le moment en deçà de nos attentes.